Sur la photo, de gauche à droite, Johann Fortier, secrétaire du Syndicat des dockers du Havre, Jean-Pierre Castelain, président des Amis de Jules Durand, Christiane Delpech, petite-fille de Jules Durand, Christiane Taubira, ancienne Garde des Sceaux, Carine Petit, maire du 14e arrondissement, Catherine Vieu Charier, chargée de la Mémoire et représentant la maire de Paris Anne Hidalgo, Jean-Paul Lecoq, député du Havre.
Le déroulé de la cérémonie, tej que prévu par la mairie de Paris le lundi 19 juin 2017
Inauguration du Square Jules Durand
Jeudi 22 juin 2017 à 10 h 45
Entrée : 07, rue Léonidas, Paris XIV/ Metro : Pernety ou Alesia
Allocutions de :
- Carine Petit, Maire du XIVe arrondissement
- Catherine Vieu-Charier, Adjointe à la Maire de Paris, chargée de la mémoire et du monde combattant, CORDEF
- Christiane Delpech, Petite fille de Jules Durand
- Jean-Pierre Castelain, Président de l’Association des Amis de Jules Durand
Dévoilement de la plaque
Personnalités présentes :
Christiane Taubira (en attente de confirmation)
Pierre Laurent (a priori)
Edouard Philippe (à confirmer)
Photo du Square Jules Durand, Paris 14e
Johann Fortier, du syndicat des dockers, Jean-Pierre Castelain, président de l’association des Amis de Jules Durand, Christiane Delpech, sa petite-fille, Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux, Carine Petit, maire du XIVe arrondissement, Catherine Vieu-Charier, adjointe à la mairie de Paris chargée de la mémoire et Jean-Paul Lecoq, député du Havre (photos M-A. M.)
Syndicalisme. La mairie de Paris a inauguré, hier matin, un square nommé Jules-Durand en hommage au syndicaliste docker charbonnier du Havre accusé à tort de complicité d’assassinat et condamné, en 1910.
Deux Parisiennes promènent leur chien devant un petit square, cette allée ombragée par des peupliers argentés, du XIVe arrondissement de Paris. Elles s’arrêtent face à la plaque toute neuve qui annonce, depuis hier matin, « Square Jules-Durand ». Elles s’étonnent. « Inconnu au bataillon », lance l’une d’elles.
Lors de l’inauguration officielle de ce square, hier, nombreux sont ceux qui ont rappelé qui était Jules Durand (lire par ailleurs) et pourquoi il est important de ne pas l’oublier. « Parce que le syndicalisme, c’est la liberté. Parce que le syndicalisme, c’est la démocratie. Dénigrer le rôle des syndicats comme il l’est trop souvent fait aujourd’hui, c’est oublier que toutes les conquêtes sociales sont passées par eux. Il va falloir se battre pour conserver ces acquis sociaux », a ainsi mis en garde Catherine Vieu-Charier, adjointe à la mairie de Paris chargée de la mémoire.
La garde des Sceaux engagée
Invitée par la famille de Jules Durand, Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux, est revenue sur l’erreur judiciaire. « La plus grande erreur judiciaire du XXe siècle », comme est habituellement nommée l’affaire Jules Durand. « C’est le risque qui pèse sur la République et sur la démocratie lorsque l’institution judiciaire est pervertie », a-t-elle expliqué. La ministre souligne qu’il n’était pas question dans cette affaire de « conspiration d’État ». « Il ne faut pas exonérer des responsabilités personnelles », a-t-elle insisté, tout en reconnaissant que la justice avait « failli ».
Pour le président de l’association des Amis de Jules Durand, ce square est « une reconnaissance énorme. Le nom de Jules Durand affiché ainsi dans l’espace public parisien. Et encore plus ici, à deux pas de l’hôpital Sainte-Anne. Car c’est ici que Jules Durand a été placé en observation psychiatrique durant un an. C’était le dernier lieu de la machination orchestrée par la compagnie générale transatlantique qui voulait prouver que Durand simulait la folie. C’est une belle revanche », explique Jean-Pierre Castelain, président de l’association, à l’initiative de cet événement.
Les dockers du Havre qui ont fait le déplacement n’ont pas pris la parole. Mais ils étaient présents, levant haut un drapeau historique. Ils étaient à Paris hier « pour Jules Durand. Pour ses camarades de l’époque qui ont tant subi. Pour leurs familles ». Désormais, en passant dans cette rue Léonidas du XIVe, les Parisiens sauront qui était Jules Durand, ce qu’il a vécu et surtout ce qu’il représente encore.
Qui était Jules Durand ?
Né en 1880 au Havre, Jules Durand devient secrétaire du syndicat ouvrier des charbonniers. Pour réclamer de meilleurs salaires mais surtout pour protester contre l’automatisation du travail, il lance une grève illimitée en 1910 durant laquelle un homme meurt dans une rixe. Il est aussitôt arrêté, jugé et condamné à avoir « la tête tranchée sur la place publique » pour complicité d’assassinat.
Cette injustice flagrante (le commissaire chargé de l’enquête a lui-même apporté des preuves disculpant Jules Durand) a mobilisé au niveau national et international. C’est René Coty, futur président, qui assura sa défense en tant que jeune avocat. Jean Jaurès lui apporte son soutien. La peine est commuée en sept ans de réclusion. Gracié partiellement puis libéré en février 1911, il ne sera innocenté qu’en 1918. Brisé mentalement, il meurt en février 1926 dans un asile psychiatrique.
Sa petite-fille, émue et émouvante
Heureuse. Un peu gênée aussi. Christiane Delpech, dans son discours, a rappelé qu’elle est fière d’être la petite-fille de Jules Durand. Mais surtout des valeurs que celui-ci a portées.
« L’inauguration de ce square est un honneur pour ma famille mais surtout un honneur pour Jules Durand. Mon grand-père. Martyr parce qu’il a osé dénoncer la misère des ouvriers charbonniers du port du Havre. Martyr parce qu’il avait soif de justice et parce qu’il a revendiqué tout simplement les droits de l’homme : respect, dignité. Ce courage l’a conduit en prison et puis à la folie.
On a oublié la souffrance d’un homme qui, du fond de sa cellule, crie son innocence. Je n’ai pas connu mon grand-père. Mais ses lettres me bouleversent. Celles qu’il a écrites depuis le quartier des condamnés à mort. Elles sont bouleversantes de pureté, d’intégrité, d’humanité mais aussi de tolérance. Ma famille a été détruite. Ses parents dont il était le fils unique adoré. Sa compagne, Julia, ma grand-mère et sa fille Juliette, ma mère traumatisée à vie par cette histoire. Cette injustice a touché profondément nombre de personnes, attachées à mon grand-père. Celles d’hier et celles d’aujourd’hui qui sont ici en nombre », a déclaré avec une grande émotion Christiane Delpech.
Elle désigne d’un regard les dockers habillés de leur chasuble rouge et groupés au fond de l’assemblée. « Ces descendants de cœur de mon grand-père. » Et les plus observateurs auront remarqué les yeux brillants et même quelques larmes dans les rangs des syndicalistes du port.
Christiane Delpech rappelle qu’un boulevard porte, au Havre, le nom de son grand-père, un amphithéâtre de l’université aussi. « Mais ce square à Paris, c’est une marche encore plus haute. Pour qu’au-delà de ce drame, il reste la mémoire ».
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Marie-Ange MARAINE |
Né le 6 septembre 1880 au Havre, Jules Durand commence sa carrière comme docker, puis charbonnier-journalier. Inspiré par les idées de Louise Michel et de Proudhon, il devient secrétaire du syndicat des ouvriers charbonniers du port du Havre.
En août 1910, le syndicat lance une grève illimitée, notamment « contre l’extension du machinisme, pour une hausse des salaires ». Le 9 septembre, une rixe éclate entre trois ouvriers grévistes et Louis Dongé, contremaître non-gréviste, tous ivres. Au cours de la rixe, Dongé est gravement blessé et succombe le lendemain. Les trois charbonniers sont arrêtés et inculpés « d’incitation et complicité de meurtre » : c’est le début de l’Affaire Durand.
Lors du procès qui s’ouvre le 23 novembre 1910 devant la cour d’assises de Rouen, Jules Durand est défendu par René Coty, jeune avocat Havrais et futur président de la République. Malgré un rapport à décharge du chef de la sûreté, Jules Durand est condamné le 25 novembre à la peine capitale, pour « complicité d’assassinat » par incitation. Les jurés, réalisant alors la lourdeur de la peine, signent collectivement un recours en grâce en sa faveur. Face à ce verdict jugé injuste, l’Union des syndicats mène une campagne de soutien et déclenche une grève.
La CGT, la Ligue des Droits de l’Homme dont Jules Durand est membre, ainsi que le Comité de soutien créé au Havre militent désormais pour la révision du procès. Jules Durand reçoit de nombreux soutiens dont ceux d’Anatole France et de Jean Jaurès. Deux cents parlementaires signent une pétition en faveur d’une grâce présidentielle.
Le Président de la République décide, le 31 décembre 1910, de commuer la peine de mort en sept ans de réclusion criminelle. Une nouvelle demande de grâce permet à Jules Durand d’être libéré le 15 février 1911.
Le 15 juin 1918, Jules Durand est définitivement reconnu innocent par un arrêt de la Cour de cassation. Il n’aura cependant jamais conscience de ce jugement, atteint de folie depuis son incarcération ; il est interné jusqu’à sa mort.
C’est pour rendre hommage à ce syndicaliste injustement condamné, broyé par cette erreur judiciaire, que sera inauguré le square Jules Durand jeudi 22 juin prochain.
Personnalités présentes :
- Catherine Vieu-Charier, Adjointe à la Maire de Paris, chargée de la mémoire et du monde combattant, Correspondant Défense
- Carine Petit, Maire du 14e arrondissement
- Christiane Taubira, ancienne Garde des Sceaux
- Jean-Pierre Castelain, Président des Amis de Jules DURAND
Date et lieu :
Jeudi 22 juin à 10h45. Accès : 7, rue Léonidas, Paris 14e
La petite-fille de Jules Durand et Christiane Taubira dévoilent la plaque du square le 22 juin / © Patricia Charbonnier
Le représentant syndical des dockers charbonniers du port du Havre a un square qui porte son nom dans le XIVe arrondissement. Jules Durand fut condamné injustement en 1910, une machination qui le détruisit
Par Sylvie Callier Publié le 23/06/2017 à 15:50 Mis à jour le 04/08/2017 à 10:58
Christiane Taubira et la petite-fille de Jules Durand étaient accompagnées de dockers du Havre, du député communiste havrais Jean-Paul Lecoq et du représentant de l'association des amis de Jules Durand.
Les passants parisiens pourront lire sur la plaque du square :
Jules Durand (1880-1926) Secrétaire du syndicat ouvrier des dockers charbonniers du port du Havre - Accusé d'un assassinat qu'il n'avait pas commis -Il fut condamné à mort le 25 novembre 1910 et réhabilité le 15 juin 1918
En Seine-Maritime, plusieurs lieux rappellent la mémoire du syndicaliste qui défendait les dockers charbonniers et alertait sur les ravages de l'alcoolisme chez les dockers-charbonniers. (ils
étaient payés en jeton, changés en monnaie dans les bars et cafés)
Lors d'une grève en 1910, il fut la cible d'une dénonciation pour "complicité morale d'assassinat" d'un contremaitre. Une machination. Jules Durand fut condamné à mort.
Il en perdit la raison. 200 députés prirent sa défense. Le syndicaliste fut grâcié puis réhabilité par la Cour de Cassation.
En 1926, il mourut à l'âge de 45 ans à l'hôpital psychiatrique de Sotteville-lès-Rouen
Reportage de J.C Duclos, A. L Meyrignac, P. Chalumeau. Montage : A. Delahaye
Voir : http://www.paris-normandie.fr/actualites/societe/le-nom-de-jules-durand-syndicaliste-du-havre-au-cur-de-paris-HA10106364
Voir : http://www.paris-normandie.fr/breves/normandie/inauguration-du-square-jules-durand-a-paris-FI10090630
Voir:http://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/pays-caux/havre/square-jules-durand-inaugure-paris-memoire-du-syndicaliste-havrais-1285265.html
Voir aussi : https://www.youtube.com/watch?v=k8SqKi49LG4
YouTube
Voir : https://blogs.mediapart.fr/barzmanj/blog/210617/hommage-de-paris-jules-durand-0